Exposition
ENREDOS (ENCHEVÊTREMENTS) II: NUNO DA LUZ
Du 24 mai au 19 octobre 2025
Cette seconde édition du programme d’expositions Enredos (imbrication) continue d’appuyer et de collaborer avec
des artistes ayant bénéficié d’une bourse d’art de la Fundación Botín et les rattache à nouveau à la collection de la Fundación Botín, au bâtiment du Centro Botín luimême et à son public.
Dans Enredos II, Nuno da Luz (Lisbonne, 1984) amplifie les fréquences des vagues et des vents de la baie de Santander, en les entrelaçant avec les propres oscillations de l’édifice et une sélection d’oeuvres d’artistes qui, comme lui en 2015, ont bénéficié de bourses d’art de la Fundación Botín : Javier Arce (2006), Katinka Bock (2015), June Crespo (2018), Eva Fàbregas (2010), Asier Mendizabal (2005) et Jorge Satorre (2011).
L’exposition comprend de même les oeuvres de Tacita Dean et Damián Ortega, artistes figurant dans la collection. L’oeuvre de Nuno da Luz peut être définie comme un « art environnemental » qui, en plus de s’attacher à des processus environnementaux — tels que le temps et le changement climatique — traduit les intensités, les rythmes et les archétypes de ces phénomènes en sons métamorphosant les espaces et l’architecture. Nuno travaille avec les sources sonores d’un contexte spécifique et leur potentiel de transformation vibratoire.
L’exposition comporte trois nouvelles installations sonores de l’artiste, produites par la Fundación Botín, qui génèrent des espaces d’écoute partagée. Le lien entre ces oeuvres de Nuno et la collection de la Fundación Botín et avec l’architecture et le cadre du Centro Botín peut être compris à travers la « résonance sympathique », c’est-à dire un type de corésonance qui se déroule sans aucun contact entre les objets, quand un corps à l’état de repos réagit aux vibrations externes d’autres corps, avec lesquels il présente des similitudes harmoniques. Cette polyphonie d’oeuvres et de vibrations nous incite à « être tout ouïe », non pas comme un simple acte de perception, mais comme
une façon d’instaurer des modes de relation collectifs, sensibles et critiques.
Commissaires : l'artiste Nuno da Luz et la directrice des expositions et de la collection du Centro Botín, Bárbara Rodríguez Muñoz.
L’installation sonore Bay of Santander Sonic Disposal Service (service d’élimination sonore de la baie de Santander) est répartie dans quatre points d’écoute dans la salle. Elle transforme les données environnementales du littoral de Santander en vibrations et en sons à travers les murs de l’espace d’exposition. Chaque point, indiqué par un symbole sur le mur, est équipé d’un transducteur caché qui « sonifie » une série d’indices fournis par le Centre océanographique de Santander (IEO-CSIC), incluant la
salinité, la température de l’eau, la vitesse du vent et la hauteur maximale des vagues. Les données ont été obtenues entre 2022 et 2024 par la bouée Augusto González de Linares, ancrée à environ 22 milles au nord de Cabo Mayor. En même temps, les transducteurs amplifient les propres vibrations du bâtiment, prorogeant et intensifiant leurs énergies intrinsèques.
L’oeuvre de Foghorn (corne de brume) dure 30 minutes, soit le délai programmé entre les départs des bateaux à côté du Palacete del Embarcadero et la plage d’El Puntal en été, que l’on peut contempler en regardant vers l’est depuis la baie.
L’installation Collected Airs (airs collectés), produite par la Fundación Botín avec le soutien de l’Ambassade du Portugal en Espagne dans le cadre du programme Portugal-Espagne : 50 ans de culture et de démocratie, comporte cinq unités réverbérantes : des plaques d’acier équipées d’un transducteur qui convertit les signaux audio en vibrations physiques. Ces plaques étaient autrefois utilisées dans les studios d’enregistrement pour ajouter de la profondeur spatiale aux enregistrements.
De plus, Nuno a invité plusieurs artistes de la scène musicale portugaise à improviser à l’intérieur de la salle avec chaque unité de réverbération tout au long de l’exposition :
- 30 mai : Pedro Alves Sousa (saxophone)
- 16 juillet : Inês Tartaruga Água et Xavier Paes
- 13 août : João Pais Filipe (percussions)
- 10 septembre : Angélica Salvi (harpe)
- 1er octobre : Margarida Garcia (contrebasse)
La performance de chaque musicien est enregistrée et diffusée par l’intermédiaire de la plaque assignée, ce qui permet à l’installation d’atténuer et d’amplifier ses sources sonores. Les plaques ne transmettent pas seulement ces performances, mais résonnent aussi avec une diffusion en direct de sons ambiants provenant de l’extérieur du Centre Botín.
Ainsi, chaque plaque sert à la fois d’enregistrement musical et de marqueur temporel, en conservant les empreintes d’un moment particulier.
Nuno da Luz
Nuno da Luz (Portugal, 1984) est un artiste, un ingénieur et un chercheur du son. Son travail repose sur les aspects sonores et visuels sous la forme d’installations, de performances et documents imprimés. Sa démarche artistique, inspirée de l’écoute attentive comme méthode éco-consciente, navigue entre écologie et pédagogie des sons et il publie de nombreux livres chez ATLAS, un collectif d’éditeurs (Lisbonne).
Parmi ses projets les plus récents citons l’exposition personnelle Airs à la Galerie Vera Cortês (Lisbonne, 2024),l’exposition collective Feral Ballads à la Cité internationale des arts (Paris, 2024), la monographie Poetry as an echological survival (Lisbonne/Porto : Sistema Solar/UCPress, 2022) et le LP Beasts of Gravity, en collaboration avec Joana Escoval (Londres : The Vinyl Factory, 2019).